Le hasard a voulu qu’Alba et Oscar soufflent leur bougie d’anniversaire à la minute même où ils sont nés. Douze ans plus tôt. Le hasard fait bien les choses, n’est-ce pas ? Ou bien, n’y aurait-il pas un peu de magie dans l’air ?
Au moment où elle souffle ses bougies en compagnie de son jumeau, un mouvement dans l’assemblée face à eux attire son attention. Le nez encore plein de la fumée des bougies éteintes, elle lève les yeux. Au milieu de la famille et des amis qui crient de joie, applaudissent et les félicitent se trouve une femme. Elle ne la reconnaît pas. D’ailleurs, cette dernière n’était pas présente il y a quelques minutes.
Alba plisse les yeux pour essayer de saisir l’apparition. L’air familier de la femme l’intrigue. Une espèce de réminiscence d’un passé lointain. Grande et fine, elle semble jeune et extrêmement vieille à la fois. De ses grands yeux violets, elle regarde Alba. La femme vacille bien que restant droite sur ses pieds. Alba comprend immédiatement que ce qu’elle voit est une image. La femme ne se trouve pas dans la pièce. Comment est-ce possible ? Pourquoi est-ce que personne ne semble la remarquer ? D’où vient-elle ? Qui est-elle ? Pourquoi est-ce qu’elle me regarde ? Est-ce qu’elle me connaît ?
Ses neurones s’agitent dans tous les sens. Toute à sa réflexion, Alba ne fait pas attention à sa tante qui lui met un paquet dans les mains.
– Hey oh ! La terre appelle la lune.
Alba regarde d’un air surpris son frère qui lui parle.
– Quoi ?
– Bah alors, t’es partie loin dis donc. T’es complètement à l’ouest. Tu n’as même pas remarqué tes cadeaux.
– Mais si! T’inquiètes, je les ouvre.
– Ça va ma chérie ? Demande sa maman, tu sembles un peu perdue.
– Non, c’est bon. Tout va bien. Répond-elle dans un sourire un peu crispé.
Seule sa grand-mère paternelle, venue d’Irlande pour l’occasion, l’observe attentivement. Lâchant du regard sa petite-fille, elle croise celui de son mari. Un éclat de connivence passe entre les époux. Personne n’y prête attention.
Puis, comme tous les enfants face à des cadeaux, Alba se laisse porter par l’ambiance festive et les rires. L’incident est mis de côté. Dans un coin de son cerveau. Il ne ressortira que le soir avant de s’endormir et peuplera ses rêves.