Je me suis perdue un samedi soir. L’air était doux et joyeux. Rires et chants parcouraient l’air environnant.
Au détour d’une rue éclairée, j’ai découvert le musée. La porte aux sculptures raffinées a attiré mon œil. Accueillante, elle s’ouvrait sur un monde de beautés délicieuses. Le prospectus de présentation promettait une visite haute en couleur. Une balade visuelle et sonore correspondant à mon humeur du soir. Légèreté et liberté.
Enthousiasmée et sans hésitation, je suis entrée dans ce décor étincelant et grandiose. Toute à ma découverte, je n’ai pas remarqué que la porte se refermait et que la serrure se verrouillait. Prisonnière sans le savoir.
Aux premiers pas, je me suis crue chanceuse d’avoir découvert ce paradis chaleureux.
Un musée sans aucun comparatif. Des milliers de superlatifs pourraient s’y appliquer. Les oiseaux volent au plafond. Leurs couleurs vives et chatoyantes filent tels des rubans de festival.
La musique a entraîné mes pas toujours plus loin dans les profondeurs de la bâtisse. Je danse et souris emportée dans l’élan festif.
Je me suis perdue dans le dédale des couloirs.
Un temps chatoyants, ils se sont transformés. Fascinée par ses artefacts artificiels, je me suis égarée.
Le guide semblait pourtant connaître son sujet. Quelle erreur ! Les faits sont erronés. Dates mal placées, explications confuses, rien n’est à sa place. Chaque objet se décompose sur mon passage.
Le musée ne contient plus que de la poussière de rire et des monuments de pleurs. Loin est le temps où, rutilant et fascinant, il étincelait.
Déambuler dans les allées n’a aujourd’hui de sens que pour nettoyer les éclats des vitrines brisées.
L’ambiance confinée est devenue oppressante et étouffante. Asphyxie totale. Le bâtiment craquèle et révèle ses fissures. Naguère si beau et si fier de son allure. Aujourd’hui, il est laid et nécessite de grandes restaurations.
Par je ne sais quel miracle, la porte s’ouvre.
L’arrêt dans ce musée infernal est terminé. À l‘extérieur, la lumière reprend ses droits. L’agitation et l’animation des alentours éblouissent par leur éclat. La tentation de revenir dans l’ombre connue est grande. Mais l’odeur nauséabonde de cette immense bâtisse m’en dissuade.
Je me suis perdue un samedi soir dans le musée de l’horreur et de la douleur.
Dimanche matin, il est temps de retrouver mon chemin. Je respire.
Crédit photo : Nathan Wright sur unsplash