Petite forme frigorifiée dans un monde éclatant et impersonnel, je perçois plus que je ne vois les formes blanches qui s’activent autour de moi. Bruissements et cliquetis sourds. Elles se préparent et me préparent pour la suite des événements.
« Tu as l’habitude ma grande. Respire normalement et compte à rebours ».
La voix vient de la silhouette à ma droite. Celle, qui de sa main gantée, amène l’engin. Une dernière bouffée d’air aseptisé avant l’odeur. Écœurante. Du nez au menton, tout le bas de mon visage est mangé par le masque. Très vite, l’amertume m’emplit les narines. Je déteste, j’ai la nausée.
Mon père est au pied de la table d’opération. Il me regarde et me tient la main. L’odeur insistante et entêtante fraye son chemin et emplit le masque. Hermétique. Pas le choix, j’inspire une bouffée. Dans un soupir de dégoût, je respire . L’odeur nauséabonde déambule tranquillement jusqu’à mon cerveau pour l’endormir.
Je compte.
10, 9, 8, … La salle vacille. Mon père est flou. Une nouvelle inspiration. Pouah ! Indescriptible. J’ai un haut le cœur.
8, 7, … « A tout à l’heure ma chérie ». Il s’éloigne doucement.
6, 5, … C’est le noir.
Elle m’a emmenée loin de la salle blanche. Elle a encore gagné. La prochaine fois, ça sera mieux.
📸 : Fabian Oelkers